L’association intermédiaire AES (Association Emploi Solidarité), dont le siège se trouve à Auvers-sur-Oise et qui développe ses activités sur un territoire intercommunal (Méry-sur-Oise, Mériel…) a accompagné une histoire toute particulière : la reconnaissance d’un groupe de femmes de plusieurs communautés habitant un même quartier.
Tout a commencé à « La Bonneville », un quartier de Méry-sur-Oise où un nombre important de ressortissants maliens se retrouvent concentrés, comme souvent dans nos banlieues. Des femmes, au lieu de « subir » leur situation, se sont servies de leur proximité pour se soutenir les unes les autres, partager leurs contacts et rester soudées.
Un certain nombre de ces femmes fréquentaient AES, soit en tant qu’intervenantes mises à disposition chez des particuliers, soit en participant à l’atelier de recherche d’emploi proposé par l’association. Les responsables d’AES ont commencé à les réunir il y a environ trois ans, de manière informelle et souple, afin qu’elles puissent progressivement trouver un espace d’expression. Ces réunions se tenaient de façon périodique, en général une fois par mois.Lors de ces réunions, les femmes ont pu mettre en paroles les difficultés de leur quotidien, leurs questionnements, leurs soucis culturels et linguistiques, des interrogations autour de l’éducation des enfants, de la vie en France, etc. Les problématiques qu’elles explicitaient ne leur sont pas spécifiques, elles sont partagées par bon nombre de travailleurs immigrés qui se trouvent dans une situation de confrontation de cultures et qui manquent de liens dans la société d’accueil pour trouver des repères pratiques et mieux vivre ensemble.
AES a apporté des éléments de réflexion tout en respectant la conception culturelle et éducative des femmes, notamment par rapport à la famille et aux enfants. Un autre sujet clé de ces échanges concernait l’accès à l’emploi, les comportements dans le poste de travail et les consignes de sécurité à respecter. « Une femme en boubou qui monte sur un escabeau nous fait craindre pour sa sécurité, mais pour elle la question ne se pose pas », explique une responsable d’AES. Des habitudes culturelles sont donc à aménager dans un monde professionnel qui demande des comportements et des gestes spécifiques.
Les rencontres sont à la fois des moments d’échanges et l’occasion de formuler des demandes collectives, notamment de s’alphabétiser et d’apprendre la langue française. Habituellement, les dispositifs de formation linguistique imposent un diagnostic individuel auprès d’une plate-forme puis une répartition des personnes dans les différents centres de formation. Mais AES, avec l’aide de financements d’État, a pu monter un projet collectif de formation afin que le groupe, sans se dissoudre, puisse suivre des cours sur place. Ainsi, pour l’alphabétisation, l’organisme d’évaluation puis le centre de formation se sont rendus à la Bonneville, dans un local mis à disposition par la municipalité de Méry-sur-Oise.
Depuis 2006, les enseignements linguistiques se poursuivent avec un financement du Fonds Social Européen. D’autres activités (modules d’information sur des sujets choisis collectivement, sorties culturelles, etc.) sont proposées en complément, toujours dans l’objectif d’apporter aux femmes des moyens d’échanges et d’information, de les aider dans l’appropriation de leur environnement et, à terme, de mettre en œuvre leurs projets personnels et professionnels.